Go heroes!
Pub pour Go Sport, vue il y a trois jours vers Les Halles.
Marchez dans la nature, allez à bicyclette, vous serez des héros! C’était déjà le cas avec:
Attention: c’est facile de se moquer.
La semaine dernière, c’était Macron chevalier. Aujourd’hui, les magasins de sport. Tous héros!
Moi aussi j’ai envie de sourire.
Mais ce que j’essaye de montrer dans mes travaux de recherche, c’est que cet esprit héroïque vient de loin. Il se diffuse dans le monde du travail depuis longtemps. Il est à cheval sur les grands mythes du cinéma populaire et sur les conseils de vie en large circulation dans la société, ce qui lui donne toute sa puissance dans notre imaginaire, fût-il inconscient. C’est sur cela que surfent les conseils en communication.
Trump: Hero / Celebrity
“Le héros se distinguait par ses réalisations; la célébrité par son image ou sa marque commerciale. Le héros se créait lui-même; la célébrité est créée par les médias. Le héros était un grand homme; la célébrité est un grand nom.”
(“The hero was distinguished by his achievement; the celebrity by his image or trademark. The hero created himself; the celebrity is created by the media. The hero was a big man; the celebrity is a big name”.)
Lorsqu’il cite cette phrase d’un livre de 1961 dans un article récent du Wall Street Journal, l’auteur de l’article entend soutenir sa thèse principale:
Trump est une célébrité, pas un héros.
De fait, Trump est le roi des “staged events”. Il est une bête de télévision (cf. le reality-TV Show “The Apprentice”). “Je m’adresse aux fantasmes et aux rêves des gens”, confirme le candidat à la Maison Blanche dans The Art of the Deal, 1987. Il montre de lui “a character he has chosen to play”, insiste l’auteur de l’article du Wall Street.
OK. Mais, à vrai dire, dans cette opposition du héros et de la célébrité, je ne vois pas bien pourquoi les deux versants ne seraient pas cumulables: pourquoi les réalisations n’iraient pas avec l’image des réalisations (les deux aspects, certes, différents, mais nullement opposables en principe).
Du point de vue de la Matrice du Héros, je dirais plutôt que le versant “bête de scène”, reality show, jouer un personnage, est intégré dans la dimension de ROL (prise de rôle) du héros moderne. Il est possible alors de reconnaître que Trump force le trait, surjoue le personnage, accentue le rôle (c’est le cas de le dire). Mais, nullement qu’il serait dans une espèce de rupture avec le modèle du héros moderne.
En réserve, pour plus tard:
- Le lien avec la réalité est “ambiguë” (le héros moderne ne l’est-il pas aussi?)
- Le vocabulaire de l’auto-contradiction: “Yes. There is a team. Well, there is not a team” (Trump)
- La notion de “manufactured image”
- “I call it truthful hyperbole”, Trump, à propos de sa méthode de vente qui consiste à tout grossir (cf. son “Think Big and Kick Ass in business and life”).
Références:
L’article est de L. Gordon Crovitz, “Donald Trump, Celebrity Politician”, Wall Street Journal, 15 Mars 2016.
En tête, la citation est de Daniel Boorstin, The image: A Guide to Pseudo-Events in America, 1961.
Les illustrations sont tirées de D. Trump, Think Big, Make it Happen in Business and Life, 2007, page de couv’ et page de titre du chapitre 10.
Du “héros” explicite #5. Mini ou maxi.
Mini ou maxi, les héros sont parmi nous !
A la Géode, les mini : héros, parce que, peut-être, me dis-je, ils ont survécu à l’extinction des dinosaures.
Et à la tête de nos grandes entreprises, les maxi : héros, parce qu’ils ont sauvé leur entreprise.
“Ce sont des héros”, confirme Pierre Gattaz le 29 mars sur France Info à propos des dirigeants d’entreprises. Il ajoute: “les entrepreneurs sont des gens qui prennent des risques”.
Pierre Gattaz, patron du Medef, était interrogé sur la rémunération du dirigeant de PSA Peugeot Citroën, Carlos Tavares (5,24 millions d’euros en 2015).
Pierre Gattaz commente : Carlos Tavares “a redressé en 18 mois un fleuron de l’industrie française”, une “société qui était en perdition, qui allait sur les rochers”.
Bref, survivre est vraiment une affaire de “héros”, petits, grands ou trappeurs (cf. The revenant).
PS.: les petits mammifères de la Géode sont des héros parce que, nous dit la notice, leur vie est traversée “de drames et de dangers, que seuls leur courage et leur perspicacité leur permettront de surmonter”.
Du héros explicite #4. Be one.
Failli la rater. Oubliais la 4ème de couv’. The Red Bulletin. Mars 2016. N°52.
Watch for heroes in the media #2. Eggs and balls
Hero status for football players:
Heroes need help and soldiers eggs:
Source: The Mail, March 13th
Watch for heroes in the media #1. Banking hero
Read in The Wall Street Journal, January 27, 2016, front page:
“Italy Banking Hero Becomes a Pariah”!
Last week (see Du “héros” explicite #1), it was Claude Lanzmann, the director of Shoah (1985), who called big bosses in the workplace the new heroes of our times.
Du “héros” explicite #1. Lanzmann et l’utopie
Une critique est parfois adressée à ma théorie du héros moderne : le mot “héros” peut sonner, à nos oreilles contemporaines, suranné. On me dit qu’il est pertinent pour les héros du passé, ou pour les héros de cinéma, mais pas dans la vie d’aujourd’hui, au quotidien.
Pourtant la référence à l’héroïsme est fréquente. Je l’ai notée dans les traités de management et de vie au travail (cf. Héros. Action, innovation, interaction dans les organisations et au cinéma).
Les termes explicites de “héros” ou “héroïsme” apparaissent souvent dans l’espace public contemporain.
Un exemple m’a été fourni récemment, que je note ici, et que je prendrai le temps de commenter plus tard. Voici ce que Claude Lanzmann, le réalisateur de Shoah (1985), exprime sur France Inter le 11 Janvier 2016 :
“J’ai vécu la Seconde Guerre Mondiale, je l’ai faite, j’ai participé, c’était une époque très dure et une époque héroïque, avec de l’utopie, et l’utopie c’est bien. Il y avait une utopie de fraternité. On était informés de ce qui se passait pendant la guerre. La joie personnellement ressentie au moment de la défaite des nazis à Stalingrad par exemple, c’était intérieurement grandiose à vivre. Aujourd’hui, il n’y a plus ça. C’est difficile de vivre platement. On vit platement. C’est une sorte de repliement. Toute la place qui est faite dans les journaux à l’économie, à l’argent, c’est une place considérable et excessive, ça fausse un peu les choses, ça fausse les proportions. On vous parle de gens, ce sont les nouveaux héros quand même, les patrons. Quand je vous ai parlé de l’utopie, c’était sérieux. L’utopie, ce n’est pas de la rigolade, et je pense que si cette dimension à mes yeux fondamentale d’utopie disparaît, on est voués à une sorte de répétition, de reproduction plate.”