Ours2

Vu, hier, dimanche de Pâques, The Revenant, dont j’ai une lecture de conte païen-moderne plutôt que de mystère de la Résurrection. Hugh Glass, le trappeur, n’est pas vraiment christique, malgré le message appuyé, au milieu du film, de l’église en ruine et de la peinture murale du Christ en croix.

Notre héros est un vrai canard qui emporte son cocon de plumes avec lui : malgré qu’il passe son temps dans la neige et les bouillons d’eau à quelques degrés à peine au-dessus de zéro, il semble ne souffrir du froid qu’au bout des doigts.

Mais un canard carnivore, sorte de paradoxe ambulant, qui mange la viande crue et le poisson vivant, la moelle de caribou et le sang de bison.

Bref, une sorte d’ornithorynque de bric et de broc, mi-palmipède du grand nord, mi-lynx des neiges. L’ornithorynque auquel, rappelons-nous, Umberto Eco consacra un livre :

“L’ornithorynque”, écrit-il, “est un étrange animal, qui semble avoir été conçu pour défier toute classification, qu’elle soit scientifique ou populaire” (p.62).

Eco

Et si le héros moderne défiait toute classification?

Hugh Glass. Résilient. Mi-homme, mi-bête. Collage (couturé, rapiécé). Omnivore comme l’ours qui le dépèce au début. S’identifiant si bien à son agresseur qu’il le devient – de plus en plus ours.

Ours

De plus en plus ours, il perd le langage articulé, se fond dans les carcasses étripées, devient fourrure, griffes.

Meurt trois fois : une fois par l’ours, une fois par abandon, une fois par ruse, quand à la fin il fait semblant d’être le mort pour piéger sa proie.

Et se venger.

Contrairement au Hugh Glass réel qui inspira l’histoire !

En réserve, pour plus tard :

  • faire un parallèle avec Trois enterrements ?
  • rapprocher du culte de Mithra ?
  • passer au crible de la matrice du héros. Se rappeler les paradoxes : christique-païen. Du héros, son souffle rauque. Son trou dans l’oesophage. Ses deals. Sa rupture avec tous les clans (indiens, français, américains). Son côté “travailleur indépendant”. Qui s’allie avec un autre “travailleur indépendant” (l’Indien qui voyage seul, pendu par les Français). La mort comme “rôle”. Les viols : le sien par l’ours et celui de l’Indienne par le Français. Qui valent morts. Le sacrifice du fils.

 

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