The Rolling Stones Guide to Modern Heroïsm
Rich Cohen, who is a contributing editor at Vanity Fair and Rolling Stone magazines, gives us his view on the five lessons he draws from Mick and Keith’s “dynamic, profitable and durable corporation” – strategies “any CEO or entrepreneur should keep in mind when playing the long game” (Source: Rich Cohen, The Wall Street Journal, May 9, 2016).
Well, according to my research on the modern hero, it is just one more tip, out of a million, perfectly fulfilling all requirements of the Hero-Matrix.
DIV – The diverging hero: instead of becoming the new Beatles, the Stones became their opposite. The Stones went through a constant metamorphosis. They showed an outstanding “elasticity” and “ability to reinvent”.
SUP – the super-powered hero, the hero showing superiority : if Mick lacks “sentimentality”, it is just business. In other words, “Kind people don’t make it”.
COP – The hero who knows how to co-operate, who is a negotiator: at some point, the Stones were able to “beg” and “borrow”.
INT – The hero showing some kind of interiority. If you copy your role models exactly, you’re not quite a modern hero. You have to put your guts into it: for the Stones, when they copied the songs they loved, they couldn’t help “dirtying them up with their own experience” (adding steel, speed, sex and “teenage comeuppance”).
ROL – The hero in a role. OK, be yourself, but still, do not forget marketing, communication, names and faces. The “Rolling Stones” sounds better than “Little Boy Blue and The Blue Boys”.
Pick up the right role, then roll!
And finally MIS – The hero on a mission. To be a hero you need to follow a track. It led the Stones to success (the “Stones” as a “dynamic, profitable and durable corporation”). But there’s more to it: it brought them “immortality”. Why wouldn’t that be a mission? a mission for the Stones and Transhumanism: live and die… and be reborn again and again.
See also de 2014 film Edge of Tomorrow, known by its tagline “Live, Die, Repeat”, staring Tom Cruise.
Conservative hero
In a paper on Popkin’s theory of low-information rational voting, the editorial writer concludes that Cruz, one of the GOP candidates Trump defeated, might become one day “the conservative hero”. That is to say the one “who dared to take on Donald Trump while other Republicans cowered”. Here, the word “hero” comes as a close synonym of “leader”, or “the leader to come”. “Daring” is his signature.
As Popkin says, “reasoning and rational don’t mean right”, and “passion can overrule the fine print”.
In the terms of the hero-matrix I developed, we have here a mixture of INT (With interiority) and DIV (Divergent).
Source: Allysia Finley, “Trump Voters: Not So Irrational”, The Wall Street Journal, May 9, 2016.
Platoche contre Platini, un combat de super-héros!
Bingo! Encore du “héros” en tête d’affiche, que je m’empresse de noter dans mon journal de bord sur les figures héroïques contemporaines, auxquelles heromatrix est consacré.
Sortie, hier, 18 mai 2016, de J.-Ph. Leclaire, Platoche: gloire et déboires d’un héros français, Flammarion.
“Héros français”, Platini?
Bizarre quand même d’accoler le mot “héros” à la nationalité, hors d’un contexte de guerre. Sauf s’il y a une guerre dans le football. Peut-être est-ce la thèse du livre? Platini serait-il une sorte de parrain?, mais pas le plus méchant des parrains?, comme celui de Coppola à qui une guerre est faite car il refuse d’entrer dans le commerce de la drogue – version moraliste de la mafia qui n’a pas cours dans la réalité.
Toutefois, en première analyse, si je m’en tiens aux autres occurrences que j’ai pu attraper dans l’espace public, ce n’est tout à fait dans la ligne éditoriale dominante de l’imagerie contemporaine. Et puis, “Platini héros”, je ne sais pas si la greffe prend. Il y a peut-être un collage de trop, une manipulation sémiotique sauvage, une Sémiose Génétiquement Modifiée.
Mais qui sait? La matrice du héros monte aux extrêmes!
Si je considère le résumé du livre, paru sur le site de la FNAC, et si je le passe au crible de la matrice du héros, le résultat n’est pas si aberrant. Il y a une cohérence interne avec la modélisation que je défends. Me voici donc taguant Platini avec mes six critères de base ROL/INT/MIS/DIV/COP/SUP (si je m’attendais à ça, merci Flammarion!):
“Comment l’ancien numéro 10 virtuose MIS, « chevalier blanc » supposé ROL du foot-business, est-il tombé de son piédestal ? Meilleur joueur français de tous les temps selon de nombreux spécialistes MIS, Michel Platini avait parfaitement réussi sa reconversion DIV. Après la chute de son mentor SUP, Sepp Blatter, au printemps 2015, le président de l’UEFA devait, c’était écrit, lui succéder à la tête de la FIFA MIS. C’était compter sans deux grosses fautes politiques : son vote surprise en faveur du Qatar pour l’attribution du Mondial 2022 et ce paiement présumé déloyal de 1,8 millions d’euros sur lequel la justice suisse enquête depuis septembre 2015. De son enfance lorraine à la crise de la FIFA et au récent scandale des Panama Papers, l’enquête de Jean-Philippe Leclaire, riche de nombreux témoignages inédits, révèle les facettes les moins connues du triple Ballon d’Or : son sens exacerbé de la famille COP, son intelligence tactique sur les terrains comme en dehors MIS/DIV, son goût pour le pouvoir SUP, sa relation parfois ambiguë avec la génération Zidane INT, son rapport assez particulier avec l’argent SUP, son étonnante capacité de séduction ROL mais aussi sa faculté à se créer de redoutables inimitiés SUP… Ou comment Platoche ROL aura finalement provoqué la chute de Platini INT.”
Bref: Platoche contre Platini, un combat de super-héros!
James Bond “some kind of hero”
My good friend Cary Raditz just offered me a 704 pages book telling the story of the 007 films.
The title is Some Kind Of Hero. Well chosen title! Not quite a James Bond film title like The World Is Not Enough or You Only Live Twice, but still, clever, humorous and deviant on the frontline, as 007 himself.
Come on! Is James Bond just some kind of hero?
Well, I must say I love the idea. Until now, I thought, according to my research (from ads, films, self help books…), that we all were, in modern times, potential heroes.
Now, I can better understand that we all are some kind of heroes. Like James Bond.
What does this some kind of hero convey? To my ears, two things.
First. Any size of hero does the job. Big heroes. Small heroes. Insignificant heroes. Everyday heroes. Antiheroes. Falling heroes. They all are some kind of heroes.
If James Bond is, why not any other kind of hero? Why not a banker? Why not a 17 year old Ozark Mountain girl (see Winter’s Bone, 2010)?
Second. Some kind of hero is a hero in between. Somewhere in between not a hero and a complete hero. More or less a hero.
That makes it much more democratic, no?
Aren’t we all less than complete heroes? but a little greater than vilains? Aren’t we all, in modernity, demi-heroes? Do not the complex narrative discourses in modernity put us somewhere between heaven and hell? between good and bad? beyond good and evil? Aren’t we all paradoxical heroes?
If James Bond is, why not all the boys and girls in the loop? Why not humanity facing climate change?
As Nietzsche puts it (we do not have to agree, but it is a great example of these complex narrative discourses that characterize modernity):
“Now clench your teeth! Keep your eyes open! Keep a firm hand on the helm! – We sail straight over morality and past it, we flatten, we crush perhaps what is left of our own morality by venturing to voyage thither – but what do we matter! Never yet has a deeper world of insight revealed itself to daring travellers and adventurers” (Beyond Good And Evil, Penguin Books, 1990, p.54).
To keep in mind, for later, only for your eyes:
- Transhumanism
- Posthumanism
- New trends in the workplace
- The XXIst century artisans
Tous les garçons et les filles…
Je poursuis mon enquête avec ce double point d’entrée:
(1) la flambée d’héroïsme dans l’espace contemporain (tous héros!)
(2) le parallélisme entre fiction et “réel” (les deux plans qui se renforcent en boucle).
Donc, après les écureuils, Macron, la bicyclette, la GoPro, la génération Z, etc., etc., voici:
Le site de vêtements.
On y voit des petits garçons en bleu, des petites filles en rose, et, en-dessous, qui défilent, leurs images fictionnelles correspondantes…
Batman et Betty Boop:
Le cri du guerrier et les gentilles jeunes filles (toujours dans le bandeau du bas):
Ou comment les plus jeunes sont mis en piste pour s’identifier à des clichés indéboulonnables.
Ou alors on passe au paradoxe… DARK VADOR en doudoune!
“Les plus geeks se laissent tenter par une doudoune Star Wars”, nous dit le texte d’accompagnement ci-dessous.
Et, surtout, “Pensez à un manteau Sofia La Princesse pour protéger vos enfants du froid”: The Revenant en rêvait!
La figure de l’héroïsme est déclinée aux journées de soldes: si tu y vas, si tu achètes au meilleur prix, tu es un héros!
Go heroes!
Pub pour Go Sport, vue il y a trois jours vers Les Halles.
Marchez dans la nature, allez à bicyclette, vous serez des héros! C’était déjà le cas avec:
Attention: c’est facile de se moquer.
La semaine dernière, c’était Macron chevalier. Aujourd’hui, les magasins de sport. Tous héros!
Moi aussi j’ai envie de sourire.
Mais ce que j’essaye de montrer dans mes travaux de recherche, c’est que cet esprit héroïque vient de loin. Il se diffuse dans le monde du travail depuis longtemps. Il est à cheval sur les grands mythes du cinéma populaire et sur les conseils de vie en large circulation dans la société, ce qui lui donne toute sa puissance dans notre imaginaire, fût-il inconscient. C’est sur cela que surfent les conseils en communication.
Macron chevalier !
Sur internet, sur les forum de discussion, sur les réseaux sociaux, c’est un raz-de-marée de moqueries ou d’indignations: on se fout de nous! le pouvoir leur monte à la tête! on est dans le pur spectacle! c’est la fin de la politique!
Macron lui-même parle d’erreur à propos de son portrait paru dans Paris Match (14 Avril 2016). Il accable sa femme: “Mon épouse, elle ne connaît pas le système médiatique, elle le regrette d’ailleurs profondément”. Promis: ils, le couple, ne recommenceront pas.
Du point de vue de la matrice du héros, le seul scandale est de traiter cette sortie médiatique comme un phénomène aberrant, un faux pas.
Nous sommes bien plutôt dans la reproduction d’un schème: le discours héroïsé (comme on dirait érotisé) de la modernité.
Macron chevalier, c’est tout sauf un hapax dans la vie politique française. C’est un lieu commun, une figure imposée.
Vous allez me dire: Mais quand même, “chevalier”, faut pas pousser!
Et je vous répondrai: Même chevalier, c’est du courant, du banal, du répété, de l’obligé.
Et je vous indiquerai l’étude d’Emmanuël Souchier, qui, en 1995, montre avec force citations tirées de la presse grand public combien l’imaginaire de la quête chevaleresque pénètre depuis longtemps (déjà!) les campagnes présidentielles en France (E. Souchier, “L’élection présidentielle: démocratie ou chevalerie?”, Communication & Langages, n°105, 1995) (texte intégral ici).
Je vous renverrai vers un livre de 2015, Médiéval et Militant, Penser le contemporain à travers le Moyen Âge, paru aux Publications de la Sorbonne.
Tommaso di Carpegna Falconieri y passe en revue toutes les reprises du Moyen Âge qui imprègnent le monde actuel. Il commente: “A travers cette clé, il s’agit d’examiner les orientations conceptuelles contradictoires d’un monde en crise”.
Alors, il faut bien plutôt penser que Brigitte Macron, en professeure de littérature exercée à l’analyse des textes, a parfaitement bien saisi le texte médiatique. Elle retranscrit un topos. Elle en reproduit la rhétorique. A la limite, on pourra dire que le pastiche est involontaire. Mais pas qu’elle n’a pas compris la musique.
Macron chevalier lui oppose-t-il un démenti public? Rien de plus normal. C’est l’ensemble des deux pièces du puzzle qui est moderne – le chevalier et le mea-culpa. Les deux laissent une trace, en forme de collage, dans l’espace médiatique. Au final, c’est cela le grand art de l’héroïsme moderne: distiller les injonctions paradoxales, confirmant le diagnostic de Falconieri (“les orientations conceptuelles contradictoires d’un monde en crise”).
En réserve, pour plus tard:
- Emmanuel Macron par Brigitte Macron est une mine pour la matrice du héros. Tous les critères de la matrice y sont…
- Exemple: le président potentiel y est présenté comme un “acteur” – ROL.
- Il est “d’une autre planète” – DIV.
- Tous les soirs, le couple “débriefe” leur journée – MIS.
- Etc.
- La journaliste de Paris Match de conclure le portrait: “Un couple d’intellectuels qui mesure mieux que quiconque le poids des mots et, aussi, celui du destin. Ça ne s’invente pas: ils se sont rencontrés dans une institution baptisée La Providence!” Encore un topos qui complexifie sérieusement l’image de notre modernité tardive.
Vargas Llosa et le héros. “On joue les héros parce qu’on est lâche” (Sartre)
Mario Vargas Llosa, Nobel 2010, publie dans La Pleiade. Deux volumes sortent le 24 mars 2016. Il est le premier romancier non Français à entrer de son vivant dans la prestigieuse collection de Gallimard.
Son dernier roman, 2013, affiche le mot “héros” en frontispice: El héroe discreto, Un héros discret, The Discreet Hero.
La figure du héros intéresse Vargas Llosa. Dès son deuxième roman, La ciudad y los perros, La ville et les chiens, paru en 1962, qui lui apporte la célébrité, il donne en exergue cette citation de Jean-Paul Sartre:
“On joue les héros parce qu’on est lâche et les saints parce qu’on est méchant. On joue les assassins parce qu’on meurt d’envie de tuer son prochain, on joue parce qu’on est menteur de naissance”. Référence: Kean, 1954.
Tant et si bien que le roman, traduit en anglais, fait remonter le mot “héros” dans le titre:
L’exergue devient:
“We play the part of heroes because we’re cowards, the part of saints because we’re wicked: we play the killer’s role because we’re dying to murder our fellow man: we play at being because we’re liars from the moment we’re born.”
En réserve pour plus tard:
- la langue anglaise qui ajoute “part” et “role” pour traduire la citation de Sartre
- les réflexions sur l’héroïsme dans The discreet hero. Par exemple, cette phrase, léguée en héritage au “héros” par son père: “Son, never let anybody walk all over you”
- la préface de Vargas Llosa au roman de Joao Guimaraes Rosa, Grande Sertao: Veredas. Les trois lectures d’un grand roman: aventure de western, labyrinthe verbal et cathédrale pleine de symboles
- Vargas Llosa cité dans les listing des “Panama papers”: personnage du Grande Sertao? héros paradoxal? grand artiste, moraliste et aventurier?
Trump: Hero / Celebrity
“Le héros se distinguait par ses réalisations; la célébrité par son image ou sa marque commerciale. Le héros se créait lui-même; la célébrité est créée par les médias. Le héros était un grand homme; la célébrité est un grand nom.”
(“The hero was distinguished by his achievement; the celebrity by his image or trademark. The hero created himself; the celebrity is created by the media. The hero was a big man; the celebrity is a big name”.)
Lorsqu’il cite cette phrase d’un livre de 1961 dans un article récent du Wall Street Journal, l’auteur de l’article entend soutenir sa thèse principale:
Trump est une célébrité, pas un héros.
De fait, Trump est le roi des “staged events”. Il est une bête de télévision (cf. le reality-TV Show “The Apprentice”). “Je m’adresse aux fantasmes et aux rêves des gens”, confirme le candidat à la Maison Blanche dans The Art of the Deal, 1987. Il montre de lui “a character he has chosen to play”, insiste l’auteur de l’article du Wall Street.
OK. Mais, à vrai dire, dans cette opposition du héros et de la célébrité, je ne vois pas bien pourquoi les deux versants ne seraient pas cumulables: pourquoi les réalisations n’iraient pas avec l’image des réalisations (les deux aspects, certes, différents, mais nullement opposables en principe).
Du point de vue de la Matrice du Héros, je dirais plutôt que le versant “bête de scène”, reality show, jouer un personnage, est intégré dans la dimension de ROL (prise de rôle) du héros moderne. Il est possible alors de reconnaître que Trump force le trait, surjoue le personnage, accentue le rôle (c’est le cas de le dire). Mais, nullement qu’il serait dans une espèce de rupture avec le modèle du héros moderne.
En réserve, pour plus tard:
- Le lien avec la réalité est “ambiguë” (le héros moderne ne l’est-il pas aussi?)
- Le vocabulaire de l’auto-contradiction: “Yes. There is a team. Well, there is not a team” (Trump)
- La notion de “manufactured image”
- “I call it truthful hyperbole”, Trump, à propos de sa méthode de vente qui consiste à tout grossir (cf. son “Think Big and Kick Ass in business and life”).
Références:
L’article est de L. Gordon Crovitz, “Donald Trump, Celebrity Politician”, Wall Street Journal, 15 Mars 2016.
En tête, la citation est de Daniel Boorstin, The image: A Guide to Pseudo-Events in America, 1961.
Les illustrations sont tirées de D. Trump, Think Big, Make it Happen in Business and Life, 2007, page de couv’ et page de titre du chapitre 10.
Du “héros” explicite #5. Mini ou maxi.
Mini ou maxi, les héros sont parmi nous !
A la Géode, les mini : héros, parce que, peut-être, me dis-je, ils ont survécu à l’extinction des dinosaures.
Et à la tête de nos grandes entreprises, les maxi : héros, parce qu’ils ont sauvé leur entreprise.
“Ce sont des héros”, confirme Pierre Gattaz le 29 mars sur France Info à propos des dirigeants d’entreprises. Il ajoute: “les entrepreneurs sont des gens qui prennent des risques”.
Pierre Gattaz, patron du Medef, était interrogé sur la rémunération du dirigeant de PSA Peugeot Citroën, Carlos Tavares (5,24 millions d’euros en 2015).
Pierre Gattaz commente : Carlos Tavares “a redressé en 18 mois un fleuron de l’industrie française”, une “société qui était en perdition, qui allait sur les rochers”.
Bref, survivre est vraiment une affaire de “héros”, petits, grands ou trappeurs (cf. The revenant).
PS.: les petits mammifères de la Géode sont des héros parce que, nous dit la notice, leur vie est traversée “de drames et de dangers, que seuls leur courage et leur perspicacité leur permettront de surmonter”.